Mon petit dernier de 5 ans, Alistair, est « fan » de lézard…curieux de tout, il pose pleins de questions et veut confirmer mes réponses par des capsules vidéos…
A sa question concernant la taille des lézards…je l’informe qu’il existe un lézard appelé le dragon de Komodo qui est le plus gros qui existe. Après lui avoir expliqué à quoi il ressemblait, ce qu’il mangeait, où il vivait…il veut le voir!
Et là, je tombe sur une petite vidéo de la chaine youtube Nat Geo Wild sur le dragon en question qui attaque sa proie.
Alistair devient silencieux, son regard change, sa respiration s’accélère, son corps se raidit, les larmes lui montent …il a peur. Il me le dit: « Maman, j’ai peur, je veux pas qu’il vienne le komodo, il va me manger. »
La rationalisation de votre discours cortiqué ne sert dans ce cadre ci strictement à rien (question de cerveau pour ceux qui ont suivi la formation)! Votre enfant visualise de façon évidente le gros lézard qui va le dévorer… et lui dire qu’un dragon de Komodo ne vit pas en Belgique mais sur un île lointaine fait tout simplement plouf…
Alistair grimpe sur le fauteuil en regardant la porte par laquelle il me dit que le dragon pourrait arriver…
J’ai oublié de préciser que c’était un vendredi vers 20h30, l’heure où on va bientôt monter se coucher….
Je respire….je perçois bien tous les signes de cette peur envahissante chez mon petit garçon.
Je le mets en face de moi tout proche avec un contact physique, et je le fais parler tout en tapotant sur le point karaté.
Je le fais exprimer toutes les images de peurs qu’il a scénarisé dans son esprit suite à ce komodo…
Cela prend une bonne dizaine de minutes.
Au moment où je perçois une diminution de sa tension (relâchement corporel, les larmes ne sont plus là, il peut me regarder et non plus regarder la porte), je lui demande à combien est grande sa peur..et là il me montre que c’est grand comme ça (les deux mains très écartées) et en plus que ça fait le tour de lui, et en plus que c’est une peur à 20000 de million de 47 000 (la maitrise des chiffres n’y est pas encore mais la représentation de la gigantesque quantité de peur bien).
Je fais une première ronde par procuration où j’énonce juste la peur, une gigantesque peur,…je la répète bien cinq fois.
A ce moment là, il pose des tas de questions: « il est lourd le komodo donc il va pas vite? », « son cou est petit donc il ne sait pas me toucher sur le fauteuil? », « ses griffes glissent et donc il ne sait pas grimper les escaliers? », « et si on est attaqué par son poison, on a un médicament pour nous guérir? »,…..
Je perçois que la peur « panique » est effacée et que les peurs « pensées » arrivent. C’est le signe qu’il récupère de l’espace de pensée progressivement et que le bouton « alarme » du cerveau reptilien n’est plus enclenché.
Je l’écoute tout en tapotant en continu…ses questions, réflexions et associations d’idées sont nombreuses…cela prend bien une dizaine de minutes .
Lorsque je perçois de nouveau un relâchement de tension dans ses questionnements, je fais une ronde sur lui cette fois ci en évoquant à chaque point les pensées de peurs évoquées. Je fais bien 5 rondes complètes avec lui.
Il me dit à la fin de la dernière ronde qu’il est plus rapide que le komodo car lui, il est tout léger…c’est le signe que les pensées de peur s’effacent et lui donner le champ libre pour les « solutions ».
Je poursuis donc la ronde avec les ressources qu’il m’évoque: « je suis plus rapide que lui », « je peux sauter sur lui », « je peux le combattre à l’épée »…
Je fais une pause en lui demandant à combien sa peur est grande: il me montre ses deux mains écartées moyennement.
Je lui propose alors de faire partir ce qui lui reste de peur: il est d’accord.
Je lui propose l’aspirateur magique. Il sait comment ça fonctionne pour l’avoir déjà utilisé plusieurs fois. ( pour la petite explication: il s’agit d’un outil que j’ai créé où les tapotements se font en mini massages circulaires sur chacun des points et en simulant le bruit de l’aspirateur). En une seule ronde, il retrouve le sourire et je perçois un apaisement quasi complet.
Quasi car je sens bien qu’il y a encore quelque chose…je lui demande de m’évaluer à combien est grande sa peur: il me montre un tout petit espace entre ses mains. Je lui propose alors de sortir le grand sac et d’y jeter toutes les mini peurs qui restent. De nouveau, il sait comment ça fonctionne et s’y met.(pour la petite explication: il s’agit d’un outil que j’ai créé où il va mimer la prise de la peur sur son corps comme si c’était des petites choses et les déposer dans le grand sac imaginaire…une fois qu’il en a fini, je lui demande de fermer le sac avec la corde de toutes ses forces.) Nous sortons l’aspirateur magique: je lui demande de le maitriser pendant que je tiens le sac. Et hop, le voilà qu’il aspire tout le sac au complet. Il en rit!
Je le félicite et lui demande à nouveau à combien est grande sa peur: ses deux mains sont fermées…fini la peur!
Alistair a le sourire. Il descend du fauteuil et me demande pour boire un verre de lait. Je lui dis qu’il peut aller se servir vu qu’il est assez grand. Il traverse le couloir non éclairé, se rend tout seul dans la cuisine qui est à l’opposé du salon où nous nous trouvions, passe devant la fameuse porte angoissante d’où pouvait surgir le komodo….et tout cela librement.
Quelle fierté doit il ressentir! Quelle liberté doit il éprouver!
Alors, il est vrai que j’aurai consacré environ 40 minutes de cette soirée à le libérer de cette peur panique qui s’est subitement invitée chez lui.
Mais combien de temps, combien d’énergie vous aurait il fallu si vous aviez imaginé calmer cette peur de façon rationnelle? Quelle fatigue et quelle nervosité auriez vous déclenchées en bataillant pour le faire raisonner? Quelles traces en aurait il gardées? Quelle couche supplémentaire à son oignon aurait il portée? Et quel résultat insatisfaisant pour lui et pour vous-même auriez vous récolté?
🙆♂️Tapoter, c’est la clé🗝.🙆♀️
❤️C’est une porte de liberté pour votre enfant et pour vous-même.❤️
Merci🙏
Sabine Tielemans/Novembre 2020